J'avais finalement trouvé ce que je cherchais. J'avais pu contacter cette jeune femme spécialiste en bidouillage de données et je lui avais donné rendez-vous en ce lieu. Cette fois-ci, je n'attendais pas bien sagement dans ma petite pièce personnelle, au contraire. Accompagné d'un de mes "hommes", je marchai, lentement, jetant un rapide coup d’œil à chacun des terrains de jeu. La salle était plutôt calme, ce soir-là. Il y avait certes du monde, comme tous les jours, mais les cris et les bagarres se faisaient moindres. Cela m'intriguait quelque peu d'ailleurs. D'autres hommes surveillaient le Casino, du coin de l’œil. Je pouvais agir en toute sécurité. J'étais bien entouré, dans tous les cas. M'approchant un peu plus de la sortie du bâtiment, je reçu un appel. Il s'agissait de Lydia.

▬ Qu'est-ce qu'il se passe Lydia ? Un problème ?

▬ J'ai vu un homme armé. Il a réussi à contourner la sécurité apparemment. Je ne sais pas de quelle façon. Que faut-il faire ?

▬ Tu peux t'en occuper ?

▬ Evidemment.

Rangeant le téléphone dans la poche de ma veste, nous continuâmes à avancer. Jusqu'à maintenant, je n'avais vu aucune présence de la demoiselle convoquée. L'heure était pourtant dépassée de quelques minutes déjà. Je regardais un peu plus haut, observant les nombreuses caméras filmant toute l'étendue de la zone. A vrai dire, je ne savais même pas à quelle race elle appartenait ? Était-elle une simple humaine, ou bien une mutante ? Ou même encore plus différente ? C'était une question qui allait probablement avoir sa réponse, très prochainement. Tout à coup, Adam me donna un léger coup de coude dans le bras, prenant la parole pour accompagner son geste.

▬ Elle est là.

Hochant de la tête pour acquiescer, je me contentai de le suivre. Il savait exactement où elle se trouvait, sa position précise. Quelques petites minutes de marche pour traverser la horde de joueurs, nous arrivâmes au point déterminé. La jeune femme était bel et bien là. Son visage jeune et rayonnant, cette innocence dans son regard, ce sourire à la fois angélique et forcé, elle avait décidément tout pour plaire. M'approchant de celle-ci pour attraper sa main et la ramener contre mes lèvres, je la baisai.

▬ Heureux de constater votre présence, mademoiselle Devis. Vous êtes très en beauté ce soir. N'est-ce pas un peu trop pour une requête ? A moins que vous n’ayez quelque chose derrière la tête..

Cette jeune femme était vraiment charmante derrière son petit air moqueur. Elle me plaisait bien, je me devais de l'avouer. A chacune de ses réponses, j'affichais un léger sourire, riant presque. Elle se cachait derrière une attitude un peu enfantine, tout en restant adulte. C'était assez drôle. Prenant sa main pour la baiser, la regardant droit dans les yeux, je répondis à ses questions, l'une après l'autre.

▬ L'improvisation vous dîtes ? Cette méthode peut à la fois être surprenante comme elle peut également être désastreuse. Cela peut être dangereux de foncer tête baisser sans connaître l'identité ni même le caractère de son compagnon du soir..

Ce que je venais de lui dire pouvait être effrayant, en soi, mais je ne cherchais absolument pas à lui faire peur, loin de là. Affichant une fois de plus un large sourire, j'attrapai sa main un peu plus fermement, plaçant mes doigts entre les siens. Mon regard était des plus confiants et attirants. Il fallait qu'elle se sente bien, en ma présence. Commençant à la tirer doucement avec moi, me déplaçant vers une pièce extérieure, je répondis à sa dernière question.

▬ Avec plaisir très chère. Je suis prêt à mettre ma main à couper que vous désirez siroter un de nos délicieux mojitos.

▬ Qui est cette fille ?

Voyant ma petite Emma se retourner, un verre à la main, et me posant cette question, je ne pus m'empêcher de lui prendre. C'était un mojito, ce que Katherine souhaitait. Après tout, elle ne pouvait pas m'en vouloir. D'un ton assez banal et ravi, je pris la parole.

▬ N'aie crainte, Emma, elle est de notre côté. J'ai besoin d'elle pour notre grand moment..

Celle-ci connaissait très bien ce regard. Elle ne pouvait qu'être persuadée que je savais ce que je faisais. Je me permis alors d'offrir le cocktail à la demoiselle, l'emmenant finalement dans la pièce, à l'écart. Fermant la porte après avoir fait signe à un homme de la surveiller, de l'extérieur, je lâchai la main de mon invitée, pour m'approcher d'elle. Mon visage vint se poser près du sien, le souffle s'échappant de mes lèvres vint se plaquer contre les siennes, un léger rictus apparaissant.

▬ J'ai confiance en vous, Mademoiselle Devis.. Je sais très bien de quoi vous êtes capable et vous pourriez devenir un membre de notre famille.. Vous n'auriez besoin de vous cacher de rien.

Ma main se posa contre sa joue, la caressant tendrement.

Un léger mouvement en arrière, suffisant pour écarter mon visage du sien, créer une distance entre nous. La situation dans laquelle je venais de la mettre ne semblait pas particulièrement la satisfaire. J'y étais allé un peu fort, c'est vrai. J'essayais donc de paraître plus détendu, plus.. lambda. Je ne désirais pas la faire fuir, bien au contraire. Il fallait qu'elle garde l'esprit tranquille, ici. Je baissai donc légèrement les yeux, la regardant calmement.

▬ Je comprends. Sachez seulement que vous serez toujours la bienvenue parmi nous, au cas où vous ne changeriez d'avis, un jour.

Ne voyant aucune réaction positive à l'égard de mes quelques gestes tendres, je me retirai lentement, plaçant ma main dans la poche de mon pantalon et reculant de quelques pas. J'attrapai rapidement une photographie, posée sur le buffet, et je la lui montrai. Il s'agissait du Président des Etats-Unis, Tony Stark, plus communément connu sous le pseudo d'Iron Man. J'avais quelque chose en tête, depuis déjà un bon petit moment, et cette jeune femme allait peut-être pouvoir me permettre de réaliser ce souhait. Gardant un air plutôt sérieux, depuis son écartement, quant à ma précédente attitude, je pris la parole.

▬ Tony Stark. Il possède forcément une liste de personnes aux pouvoirs extraordinaires. Ces hommes et femmes qui s'opposent à son autorité, à ses désirs, je dois les convaincre de rejoindre notre famille. Il me faut cette liste.

La photo fut rapidement reposée, suite à ces paroles. Je me dirigeai alors vers le mini-bar qui prônait près de la télévision pour me servir un verre de vin rouge de grande renommée. Un assez long silence s'installa dans la grande pièce alors que je buvais, gorgée par gorgée. M'asseyant dans le fauteuil, je repris.

▬ Je dois le rencontrer, personnellement. Un rendez-vous, cela ne doit pas être bien difficile à organiser, avec vos capacités en tant que Hackeuse, me trompe-je ? Cet homme n'a pas mérité, et ne méritera jamais la place qu'il occupe. Ce n'est pas un dirigeant, juste un bidouilleur qui passe son temps à essayer de sauver le monde.

Le fait de lui montrer cette photographie semblait lui rappeler quelques souvenirs. Ce regard à la fois vide et nostalgique, j'avais touché un certain point, vraisemblablement. L'avait-elle personnellement connu ? Ou bien était-elle tout simplement fan de celui-ci, autrefois ? Tout était possible. Mes yeux se posèrent sur son visage radieux. J'affichai finalement un tendre sourire. En fait, elle me plaisait, au fond. Je le lui avais déjà quelque peu montré mais apparemment, cela n'avait pas fait son effet.

▬ Je me doute, et l'argent n'est pas un problème. J'aurai de quoi vous payer gracieusement..

Son attitude changea tout à coup. Pour la première fois, elle me regarda droit dans les yeux. Cela me plaisait. D'autant plus qu'elle avait de très beaux yeux. Elle venait d'exposer un problème particulièrement intéressant. Selon elle, les super héros étaient destinés à mourir jeune. Elle n'avait pas tort, j'étais assez de son avis, sur cette chose.

▬ Bidouilleur ou pas, Tony Stark restera toujours un mécanicien pour moi, rien de plus.

Elle commençait à me sourire et à se rapprocher lentement, comme si elle cherchait le contact, finalement. La voyant donc s'avancer, je fis de même, déposant délicatement l'une de mes mains contre sa joue, et l'autre au niveau de sa hanche. Mes lèvres vinrent se déposer sur les siennes, dans un souffle coupé. Seuls quelques murmures se firent entendre pendant ce baiser

▬ C'est tout à votre honneur..

Elle appréciait, elle en redemandait encore. Ce baiser me fut rendu. Je me sentais bien, à ce moment-là. Depuis le début, je redoutais de finir mes jours seul. Je me considérais comme un monstre, au fond. J'avais tué bon nombre de personnes, par soif de pouvoirs, mais aussi par "plaisir". La plupart des gens qui me connaissaient me désignaient comme tel. Une faim insatiable, qui ne cessait de me tourmenter, de contrôler mes pensées. C'était l'inconvénient principal de mon pouvoir originel. Mais en sentant ses lèvres contre les miennes, son désir, j'oubliais totalement cette emprise. J'avais l'esprit tranquille.

▬ Je ne pense pas avoir besoin de répondre à cette question, vous en savez déjà la réponse..

Je ne pus m'empêcher de l'embrasser à nouveau, sentant son souffle rapide contre mon visage. C'était tellement bon. Je m'écartais ensuite, de seulement quelques centimètres, avant de lui répondre.

▬  Étrange ? Oui, j'en suis conscient. Mais je dois dire qu'actuellement, en votre présence, je me sens.. Vivant.

Je la regardais, droit dans les yeux, l'écoutant finalement parler à nouveau. Elle semblait troublée, incertaine, à mon égard. C'était compréhensible. Un homme comme moi, fortement recherché, considéré comme un monstre, réagir de la sorte. Cela relevait presque de l'illusion. Et pourtant, tout était bel et bien réel. Celle-ci se demandait pourquoi elle avait accepté ce baiser. Eh bien, je n'avais qu'une chose à lui dire.

▬ Je ne peux répondre à cette question, malheureusement. Mais, je suppose que c'est parce que vous en mourrez d'envie, autant que moi.

Je pouvais sentir ce plaisir l'envahir, ce bonheur. Ses yeux étaient pétillants et brillants comme des feux d'artifices. Les miens se posaient sur elle, l'admirant avec tendresse, alors qu'elle s’apprêtait à parler. Je comprenais sa méfiance. J'avais été quelqu'un d'horrible, à une certaine période de ma vie.

▬ Si vous tenez vraiment à le savoir.. C'est la toute première fois que j'agis de la sorte avec une jeune femme. Du moins, avec de réels sentiments éprouvés.

Elle m'embrassa une nouvelle fois, passant sa main dans le creux de mon cou, signe d'affection. En même temps, je pouvais voir ses yeux parcourir la pièce de fond en comble, comme si elle cherchait quelque chose ou bien observait, tout simplement. Son nouveau "boulot" semblait la passionner. Et puis, travailler pour une personne comme moi la satisfaisait encore plus. Cherchant son regard, je lui répondis.

▬  Il y a une autre pièce, juste à côté de celle-ci. J'y ai fais installer du matériel informatique de haute performance. Je ne sais guère si vous en avez besoin mais cela pourra de toute façon s'avérer utile, un jour ou l'autre.

Soudain, son comportement changea. Elle avait l'air plus inquiète, soucieuse de quelque chose qui semblait lui tenir à cœur. Katherine me parla de discrétion, du fait d'être proche de personnes dans l'impossibilité de se défendre aussi bien qu'elle. Une famille, je supposais. C'était bien la seule chose que je n'avais pas. En tout cas, pas une "vraie famille". Tout ce beau monde m'accompagnant et me suivant dans mes projets était une famille synthétique et dans tous les cas, je ne pouvais les abandonner.

▬ Bien sûr. Une famille.. Je comprends votre inquiétude. Sachez qu'il y a une règle que je fais respecter depuis le début à l'encontre des personnes qui osent s'en prendre à ma famille. Il n'y a pas d'échappatoire, il n'y a que de la souffrance.

Rien ni personne ne pouvait poser la main sur ma famille. Il m'était impossible de laisser passer ce genre de chose. La peine était tout simplement capitale. Rien n'était à discuter. Malheureusement, le Gouvernement pouvait en être capable, rien que pour me faire souffrir. Après tout, j'avais déjà fait souffrir énormément de gens, dans ma vie. Il s'agissait peut-être simplement d'une peine méritée ? Je méritais peut être de telles sanctions pour mes crimes. C'est ce que je me disais, au fond. Cependant, je ne laissais rien transparaître. Je devais garder cette motivation, cette confiance, en tant que Chef de famille.

▬ Ne vous en faîtes pas, Katherine, vous êtes ici chez vous, et je promets de vous protéger vous et vos proches. Vous faîtes maintenant parti de notre famille..

Un léger sourire se dessina sur mon visage, avant de repartir aussitôt. La jeune femme désirait maintenant visiter sa salle de travail pour y découvrir le matériel, les machines. Sans plus tarder, je tendis mon bras vers la porte, lui indiquant de suivre le chemin. J'ouvris alors la porte, dévoilant l'intégralité du matériel informatique. Ce genre de matériel était très rare. On ne pouvait en trouver que dans ses endroits extrêmement importants comme dans les bâtiments de la Présidence par exemple. Avec ça, elle serait normalement comblée.

▬  Appelez-moi Ethan. Nous sommes une famille, après tout. Pas de ça entre nous.

Je ne pus me résoudre à la laisser entrer sans déposer un tendre baiser sur sa joue. J'adorais sa peau si douce, son odeur alléchante et la passion dans son regard. La laissant finalement partir pour qu'elle puisse regarder tout ça, je pris la parole une nouvelle fois, derrière elle. Ma voix fut entendue telle une annonce importante.

▬ Je peux vous permettre de découvrir de nouveaux horizons.. Des sentiments, des sensations que vous n'avez jamais pu connaître. Vous pourriez devenir comme nous et être en mesure de protéger les êtres qui vous sont chers.

Elle était émerveillée. C'était sublime de la voir dans un tel état de joie. Elle pouvait s'amuser comme elle le voulait, ces machines étaient maintenant en sa possession. J'espérais seulement qu'elle ne nous trahirait pas et qu'elle resterait au sein de notre famille. Je ne pouvais cesser de la contempler, c'était plus fort que moi. Je m'approchai lorsqu'elle parla de moyens de défense. De quoi voulait-elle parler ? Elle était humaine, j'en étais certain. Cela ne faisait aucun doute, puisque je n'avais rien décelé en voyant le fonctionnement de son cerveau. Cette interrogation fut rapidement supprimée lorsque je ressentis comme une vibration, couplée à un petit bruit strident, à l'intérieur de mon crâne. Elle mentait. Tout ce qu'elle souhaitait, c'était me faire comprendre qu'elle était en mesure de se défendre toute seule.

▬ Vous n'avez pas besoin de mentir ici. Vous pouvez vivre sous votre vrai visage, sans même vous cacher. Nous ne jugeons pas nos frères et soeurs.

Une légère crispation, l'esquisse d'un sourire, un regard sûr, elle venait de comprendre que je n'étais pas humain. Je ne comptais pas lui cacher, loin de là. Comme je venais de lui dire, nous pouvions nous montrer sous notre vrai visage, ici. Je me contentai donc d’acquiescer avant de lui répondre, très sérieusement.

▬  En effet, je suis un Mutant. Je suis capable de voir comment les choses fonctionnent, aussi complexes soient-elles.. Ainsi, j'ai pu savoir que vous n'étiez pas comme nous autres.

Je levai légèrement la tête, regardant l'un des coins du plafond, l'espace d'un instant. Elle devait probablement se demander pourquoi j'agissais de la sorte, sans raison particulière. C'est alors que j'annonçai.

▬ Carl, donne-le moi.

Un homme apparut, accroché au plafond. Ses mains et ses pieds agissaient comme de véritables ventouses. C'était un homme caméléon. Descendant d'un coup sec, retombant sur le sol en un claquement, il me donna une petite mallette qu'il ouvrit. A l'intérieur, trois seringues, remplies d'un liquide.

▬ Une seule de ces seringues peut changer votre vie, Mademoiselle Devis.