Elle avait quitté tôt l'infirmerie ce jour-là. C'était une journée comme les autres, à un détail près. Namira ne savait pas encore ce qui l'attendait derrière ce rideau nocturne qui s'était posé comme un voile lourd sur la ville. Il devait être à peine sept heures du soir lorsqu'elle avait fermé boutique, le nombre de blessé ne cessait d'augmenter et la journée avait été fort bien remplie. De retour en ville elle n'avait qu'une seule envie : manger et se divertir. Toute seule, ceci était bien moins drôle, il fallait bien l'avouer. Mais elle voulait se forcer un peu. La seule chose qu'elle pourrait faire ce soir serait sans doute de manger et de faire ce qu'on lui avait dit de faire...rendre visite à un défunt dans un cimetière à quelques kilomètres de la ville. C'était une longue histoire à vrai dire, tout était partit d'une conversation avec un blessé, celui-ci lui avait demandé un service. Toujours la main sur le cœur, elle s'était engagée à le faire. Elle n'avait pas dit quand, mais cela devait bien faire une semaine qu'elle ne l'avait pas fait et il était sans doute temps que Nami agisse. La jeune infirmière prit d'abord le métro jusqu'au quartier où elle résidait, acheta un menu à Burger King et s'installa dans sa voiture pour pouvoir le dévorer à pleines dents. Elle prit soin de se nettoyer les mains avec un gel afin de retirer la graisse de ses doigts avant de se mettre à conduire.

Sa petite Ford bleue prête, elle aussi, elle partit en direction de ce lieu qu'elle n'avait encore jamais visité. Encore moins de nuit. Pas dégonflée pour un sou, elle avait avec elle une lampe torche au cas où elle en aurait besoin afin de visualiser les noms sur les pierres tombales. Namira récupéra une botte de fleurs, car oui, c'était bien ça sa mission du jour. Elle prenait ça très au sérieux et ne songeait pas aux mauvaises rencontres qu'elle pourrait y faire une fois sur place. Très stressée au volant, elle avait un souci avec le temps, ce qui la rendait souvent en retard lorsqu'elle prenait son véhicule. La nuit était donc bien tombée depuis, il devait être aux alentours de 22h.

Arrivée, elle se gara dans le village puisqu'il n'y avait pas de places autour du cimetière. Nami s'empara de la botte de fleurs, prit sa lampe torche dans sa bouche le temps de refermer sa voiture et s'engagea vers les portes du cimetière, qui elles étaient naturellement ouvertes. Pour se rassurer un peu, elle se parlait à elle même, commentant chaque action qu'elle faisait. De toute façon, elle avait déjà fait le plus difficile, à savoir venir ici. Maintenant il suffisait juste de retrouver cette tombe et d'y déposer les fleurs.

Namira commença sa recherche silencieuse. A chaque fois qu'elle en passait une, elle disait « non ». Ceci allait être plus difficile qu'elle l'aurait cru aux premiers abords.

« Bonsoir. », fit une voix derrière elle.

Sursautant, car elle ne l'avait pas entendu arriver, elle ravala sa salive et éclaira le visage de la personne qui lui avait parlée.

« Euh...bonsoir. Qu'est-ce que vous faites là ? »

« Je me promenais, c'est tout. Vous aussi ? Vous savez que c'est dangereux de s'aventurer ici seul... »

« ...de nuit ? », fit une autre voix vers l'Est.

Quelque chose lui disait que ça allait très mal se passer. Elle se justifia par quelques mots, d'une voix chevrotante.

« Je...viens simplement déposer des fleurs. Merci de vous inquiéter, mais je suis une grande fille. Je sais ce qui est bon pour moi et ce qui ne l'est p... »

Son bras fut empoigné par une force qui dépassait largement la sienne, la tirant en arrière. La lampe tomba par terre, la botte de fleurs également. Sur sa bouche, une main pressée, celle de la même personne qui la retenait.

« Je peux la goûter, Andy ? »

« Fais toi plaisir. », rétorqua le dénommé Andy.

Une douleur vive s'empara de son cou tandis qu'elle se mettait à pleurer, gémissant derrière cette barrière de chair. C'était la fin.

Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Il y avait ce silence oppressant, puis cette douleur lancinante au cou, qui commençait à se généraliser jusqu'à la nuque et à l'intérieur de l'oreille, signe que le sang était bien pompé. C'était une hémorragie, il n'y avait pas d'autres termes à cela. Pour l'instant elle semblait avoir une bouche à nourrir, mais ça n'allait bientôt plus être le cas, car elle serait totalement vidée de son liquide vital. La peur de la mort, bien sûr qu'elle l'avait, c'était même peu de le dire. A cet instant précis, elle ne réfléchissait plus, seules des images étranges défilaient face à elle, mélangée à la dure réalité. Une détonation retentit, un corps tomba à la renverse, c'était celui du dénommé Andy. Namira ne voyait rien dans ce noir complet, seulement, elle sentit les crocs de son agresseur se détacher de sa chair pâlie par la maladie qu'il venait de lui faire contracter. Ses membres étaient faibles, elle ne tenait même plus sur ses jambes...ses yeux mi clos, maintenue contre son agresseur, elle était littéralement à la merci de celui-ci.

La bouche pâteuse, le corps faible, elle était légumifiée. Son pouls s'était stabilisé, mais il restait faible. Il lui suffirait d'encore quelques gorgées pour la tuer.

Namira entendit distinctement un grognement, puis un autre, et un dernier qui n'avait plus rien d'humain mais au contraire semblait être plus animal qu'autre chose...le tout faisait à ses oreilles une cacophonie sombre et rauque qui l'inquiétait plus qu'il ne la rassurait. Elle n'avait pas encore reconnu Nigel, de toute façon il lui était impossible de reconnaître qui que ce soit car l'obscurité régnante l'empêchait d'y voir quelque chose. Même sa lampe torche qu'elle avait laissé tomber quelques temps auparavant ne servait à rien.

« Partez...partez... », susurra t-elle à l'attention de la personne qui leur faisait face.

« T'as entendu ? Dégage, morveuse ! Sinon... »

Mais son corps sembla, d'un coup, sombrer dans l'inconscience. Elle était plus lourde que jamais, sauf pour le monstre qui la tenait d'un bras contre lui.

D'un il s'en prenait à une de ses amis et de deux venait-il réellement de la traiter de morveuse? Non mais il était suicidaire ou quoi? Il semblait même avoir oublié le chien surnaturelle qui lui fonçait dessus. L'animal eut tôt fait de refermer une de ses gueules sur son bras. Nigel de son bord continuait de s'avancer avec un calme froid.

« Sinon quoi? Tu vas m'mordre? »

Alors qu'elle serait le manche de sa machette et qu'elle la sortait de son fourreau, elle sourit. Ce fut un sourire animé par la haine qui dévoilait ses crocs qui étaient comme les siens, fait pour percer la chaire. Un simple geste qui allait lui faire comprendre qui n'allait pas être si aisé de se débarrasser d'elle.

« T'aurais jamais dû faire ça. »

Il ne savait pas trop de quoi elle parlait, ne connaissant pas le lien entre elle et son repas, il pensait qu'elle faisait référence au fait que juste avant de se faire mordre il l'avait traité de morveuse.

« Arkas, tu m'le laisses! »

Arkas était surpris, normalement elle le laissait finir le travail « comme un grand », mais comme c'était la première fois qu'il la voyait avec ce regard il ne chercha pas plus loin, surtout s'il voulait avoir une chance d'avoir un souper aujourd'hui. Il se contentait alors de lui faire mal avec ses dents et ses griffes, manquant de lui arracher le bras et empêchant par la même occasion une tentative de fuir si jamais il avait pensé à prendre ses jambes à son coup. Il fit même lâcher prise à sa victime. Nigel était maintenant à une distance adéquate, alors que le vampire se débattait avec son animal de compagnie, ce fut sans forme de procès qu'elle le délesta de sa boite crânienne. Arkas y voyant un amuse gueule s'en empara aussitôt. Maav devait maintenant s'occuper d'autre chose, tenait toujours sa machette tâchée du liquide qui avait animé l'être qui commençait déjà à entamer un parcours digestif dans son chien. Elle voyait que son amie avait perdu énormément de sang et qu'il était trop tard pour elle. Elle se tenait là inconsciente sur le sol, sa lame lui frôla la gorge, mais ne l'entailla point.

*Non j'ne peux pas, il doit y avoir une autre solution. *

Elle rengaina son arme, elle arracha la manche de son manteau et l'attacha autour du cou de son amie. Cela ne servirait peut-être à rien, mais au moins elle faisait quelque chose.

« Namira réveille toi il faut qu'on dégage. »

Après tout peut-être qu'il y avait d'autres buveurs de sang dans les parages. Elle entendit un bruit, un étouffement suivi le bruit d'un animal qui régurgite.

« Arkas lâche ça tu n'sais pas où c'que cela a trainer. »

Cet estomac sur patte devrait apprendre à mâcher. Il obéit aux ordres de sa maitresse et vint à ses côtés. S'entend la détresse de l'hybride, il donna de petits coups de museaux sur le bras de l'inconsciente pour voir s'il allait y avoir une réaction ou non.

« Allez Namira réveille toi. »

Contrairement aux idées fantasques de certains mystiques, voire même de scientifiques, il n'y avait dans l'inconscience que le noir le plus profond. L'esprit était mit sur pause, tandis que le corps, lui, restait dans la dimension à laquelle il appartenait. Avant de sombrer, elle avait tout de même entendu une voix, une voix féminine qui recelait énormément de haine, comme si elle avait été prête à le trucider avec cette simple arme : la voix. Namira en aurait frissonné si elle n'était pas tombée dans l'inconscience aussi tôt. Perdant encore beaucoup de sang, quelque chose d'étonnant semblait encore s'opérer dans son organisme. Un venin mortel, celui de la Mort, était en train de s'engouffrer dans ses cellules, tel un cancer volant aux battements de la nuit. Une démultiplication de ses globules rouges et la paralysie totale d'autres fonctions de son organisme, telle était la malédiction qui avait décidé de s'abattre sur elle.

Elle sentit quelque chose faire bouger son bras, c'est là que ses yeux se mirent à se rouvrir sur la nuit. Sa transformation étant en train de s'opérer en silence, elle ne voyait toujours rien du tout dans cette obscurité complète. Un halètement canin près de son oreille eut le don de l'effrayer davantage. La jeune femme se crispa, se recroquevilla sur elle même avec le peu de force qui lui restait, balbutiant.

« Qui...qu'est-ce que c'est ? »

Son pouls était faible, et pourtant, il lui semblait que son cœur battait à cent à l'heure ; prêt à faire exploser sa poitrine tant les coups étaient puissants. Elle se mit à toussoter car son souffle était court. Clignant des yeux, tentant d'y voir vainement quelque chose, Namira demanda.

« Nigel...Nigel, c'est toi ? »

Elle n'avait effectivement pas entendu ce qu'elle avait pu dire lorsqu'elle était inconsciente, mais très vite Maav la rappela à l'ordre. Il fallait qu'elle se lève, mais impossible pour elle de faire le moindre mouvement...c'était trop difficile !

« J-Je... je ne sens plus mes membres...qu'est-ce qui m'arrive ? Hein, qu'est-ce qui m'arrive ? »

Ses yeux se mouillèrent de ses larmes, rendant la situation encore plus complexe. L'odeur du sang avait de quoi attirer tout un Nid, et si ce n'était pas le cas, un bon groupe de suceurs de sang allaient rappliquer d'ici peu. A moins que leur but n'ait déjà été atteint ?

S'agrippant au tissu qui habillait son amie, elle respirait fort et tentait de se hisser sur ses jambes...en vain, malheureusement...

Elle eut comme réflexe de frapper un des museaux d'Arkas en lui lançant un regard sévère. Pourquoi? Caril avait fait peur à son amie, certes ce n'était pas volontaire, mais il lui avait tout de même fait peur, cela lui apprendra. Le pauvre il ne comprenait pas sa réaction.

« Oui c'moi, c'qui t'as fait peur c'est mon chien. »

Puis vint la question, celle qu'on peut sans hésiter écrire avec une « q » majuscule, la question qui vise pile poil dans le mile, mais à laquelle il était difficile de répondre. Elle aurait voulu avoir du temps pour répondre, malheureusement elles n'en avaient pas devant elle. Ce n'était pas la première fois qu'elle voyait quelqu'un se faire donner le baiser de la mort par un vampire, mais c'était la première fois que cela arrivait à une personne qui faisait partie de ses proches. Elle détestait ce sentiment sans nom que cela engendrait.

« Un vampire t'a mordu. »

Bon ok, elle savait quoi répondre, mais elle ne savait pas utiliser le tact qu'il fallait pour annoncer ce genre de nouvelles.

« Mais tu ne vas pas mourir. »

*D'un certain point de vue oui... Ne pense pas à ça.*

Elle avait voulu prononcer une phrase qui se voulait être rassurante pour la jeune infirmière, elle ne savait pas trop si elle l'avait bien choisie. Elle aida son amie à se lever, voyant que Namira n'arrivait pas à se tenir sur ses deux jambes, elle la pris carrément dans ses bras, telle une princesse qui se fait sauver par son prince charmant, bien qu'ici il n'y avait aucune place pour un romantisme quelconque. Maintenant il fallait qu'elle décampe au plus vite de cette place car l'odeur du liquide ferreux qui se répandait dans l'air allait attirer les vampires, comme tout ce qui est sucré attire les insectes. Prenant ses jambes à son cou elle fila jusqu'à son auto avec Arkas sur ses talons. Heureusement que son destrier à roues n'était pas à l'autre bout du monde. Le temps d'ouvrir la portière arrière de sa voiture, elle déposa son amie contre celle-ci, avant de l'installer le plus confortablement possible en position couchée sur la banquette arrière et de lui mettre une ceinture de sécurité. Une bonne chose de fait, il ne restait qu'à trouver une place à son espèce de chien. Elle ne réfléchit pas très longtemps avant d'ouvrir le coffre, il y avait assez de place pour lui, quand on tassait ses armes, surtout que c'était le seul endroit où elle pouvait le mettre. Avec ce qui arrivait à Namira, il ne fallait pas qu'elle attire l'attention avec lui. Ce fut maintenant à elle d'embarquer dans son automobile et de partir en trombe.

Pour le moment, elle pensait surtout à aller chez elle le plus tôt que possible en évitant les endroits où la police avait pour habitude de se planquer pour prendre en flagrant délit ceux et celles qui dépassaient les limites de vitesses. Après, elle réfléchirait à qui elle pourrait bien contacter pour donner un petit coup de main.

« Ça va bien aller. »

Va savoir si c'était plus pour elle qu'elle disait cela ou non.

*Reste concentrer.*

Cette sensation, elle la détestait, la sensation de se sentir impuissante face à quelque chose d'intangible.

Elles étaient presque rendues, le seuil de la porte de garage franchi, elles étaient maintenant dans ce qui faisait office de domicile à la chasseuse. Endroit où elle aida son amie à s'installer sur son divan, avant de sortir son chien du coffre. Puis elle revint voir son amie.

« Namira il faut que tu restes consciente. »

Peut-être que le fait de rester consciente allait retarder le « virus », mais elle n'en savait rien.

« Un vampire... »

Comme quoi, les hasards étaient parfois bien trouvés. Elles en avait parlé, étrangement, lors de leur première rencontre parce que Nigel avait un père vampire. Malgré cela, elle avait peur. Peur de devenir un de ces monstres, sans vouloir offenser son amie pour autant en les traitant ainsi... La jeune femme ignorait encore ce qui tenait vraiment de la race vampirique, des sectes existantes et autres. Car il ne fallait pas se voiler la face : si elle avait été mordue par un vampire de telle secte, elle appartenait à cette secte. Ce n'était pas discutable, et ils essaieraient de la chercher de nouveau, guidés par leurs chefs de Nids. De toute façon, elle aura beau vouloir se cacher, ils la retrouveront. Ce n'était plus qu'une question de temps.

Mais ça, son amie n'était pas prête de le lui dire. C'était comme aspirer le venin pour le lui recracher au visage : cela ne servait à rien.

Le trajet fut relativement difficile pour Namira. Pas que Nigel conduisait mal, mais sa tête lui tournait et les virages étaient difficiles à supporter pour la jeune femme. Une fois arrivés, elle la porta de nouveau. L'infirmière qu'elle était n'appréciait pas le fait d'être dans le besoin, être blessée ainsi la rabaissait au rôle de soigné et elle avait beaucoup de mal à l'avaler.

Lorsque Nigel lui dit que ça allait aller, Namira ne put contenir ses larmes. Elle mentait. Naturellement.

« C'est faux... »

Elle l'installa sur son divan. Laissée telle une larve, sans la moindre force dans ses membres, la jeune femme ferma ses yeux un instant. Les rouvrit tant bien que mal, mais ses paupières étaient terriblement lourdes. Elle acquiesça par un « hmm », mais ne parvint pas à tenir. Elle sombra.


Pendant toute la nuit, elle suffoqua, toussa, bougea dans tous les sens. S'agrippant au sofa, prête à arracher le tissu qui l'habillait. Elle hurlait de douleur, transpirait. Jusqu'à ce que tout se calme, noté par l'arrêt de son cœur.


18h45, heure locale.

La nuit tombe. Namira s'éveilla, dans une autre position que dans laquelle elle s'était « endormie ». Elle ne cilla pas, ne respirait plus. Sa peau avait pâlit, car désormais elle était une non-vivante. Quelque chose l'aveugla alors : la soif. Elle se redressa d'un bond, crocs dehors, à la recherche de quelque chose de vivant à vider de son sang. Mais son amie vint l'intercepter...

Si elle aurait voulut faire une nuit complète c'était peine perdue avec ces cris, même avec des somnifères elle n'aurait pas été certaine de pouvoir y arriver. Ce fut assise sur un comptoir le dos contre la froideur de son frigidaire, ayant une vue direct sur ce qui faisait office de salon dans lequel Namira souffrait le martyre. Jouant avec son poignard, pour faire passer le temps tout en prenant soin de ne pas se couper. Elle savait ce que l'odeur du sang faisait surtout dans les premiers temps, aussi bien éviter de tenter son amie lorsqu'elle se réveillera. À quelques reprises l'idée lui avait effleurée l'esprit de lui planter sa lame dans sa future chaire inerte, mais elle ne pouvait s'y résoudre. Peut-être étais-ce de la faiblesse de ne pas être capable de faire un geste aussi simple qu'elle faisait sans hésiter en temps normal.

Plus de cri, plus de mouvements, d'où elle se trouvait elle pouvait voir que l'infirmière était d'une rigidité cadavérique. Ce n'était plus qu'une question de temps avant qu'elle ne la voit se réveiller avec de longs crocs. Elle espérait que l'ancienne humaine allait faire partie de ces rares buveurs de sangs qui n'avaient pas oublié ce qu'ils étaient avant. Cela lui crèverait le coeur de devoir lui percer le sien.

Elle sentait quelque chose d'humide sur sa main.

« Lâche moé. »

Quelque chose l'agrippa par la manche et la tira. Elle se réveilla en sursaut et se retrouva sur le plancher.

*Merci sale chien de mes deux... Attends...*

« Fuck! »

Elle croyait s'être endormit que pour quelques minutes et pourtant... Elle ne perdit pas une seconde.

La nuit venait à peine de tomber, elle savait que trop bien ce que la nouvelle vampire cherchait. Ce fut peut-être pour ceci qu'elle préféra l'intercepter avec son poignard à la lame d'argent sous la gorge. Que voulez-vous Nigel n'a jamais vraiment été la personne avec le plus grand sens de l'hospitalité.

« J'te conseil pas ça... Mais plutôt ceci, j'en ai un frigo plein alors tu peux en prendre comme tu veux. »

Elle lui tendit une de ses bouteilles qu'elle avait remplies de ce précieux liquide vital.

« Ah moins que la Namira que je connais ait disparue et que tu préfères égorger le premier innocent que tu croises. »

Elle la regardait dans les yeux et espérait que son amie n'ait pas disparue en une seule nuit, sinon elle serait forcée de faire ce qu'elle s'était refusée à faire.

« Et toi t'y touche pas. » Dit-elle à l'intention de son chien qui, déçu, repartit d'où il était venu avec les têtes basses.

Elle reporta ses deux globes oculaires sur la nouvelle vampire, elle rangea son arme blanche.

« J'crois qu'il va falloir qu'on discute un peu. »

En même temps ce n'était pas comme si elle allait lui laisser le choix. Elle l'invita à prendre place sur un des divans de son salon, si on pouvait l'appeler ainsi, avant d'en faire de même en s'installant sur celui qui était face à elle. Elle ne savait pas trop par où commencer, elle avait bien une idée mais elle ne savait pas si la concernée allait accepter, sans oublié qu'en ce moment elle avait l'impression d'être comme un de ses policiers qui doit vous apprendre qu'un de vos proches est mort.

Elle observa tranquillement son amie qui allait dévaliser son pauvre frigidaire sans défense. De son bord, elle pris confortablement place sur le comptoir, le même qu'elle avait brutalement quitté il y avait quelques minutes à peine. En la voyant faire elle se disait qu'elle avait bien fait de faire le plein pendant la journée la veille, sinon elle aurait été la cause de la présence d'un inconnu dans la section nécrologie d'un journal, ce qui n'était pas une bonne chose... à moins que ce soit un criminel, mais passons. Une fois que son amie avait, semble-t-il, finit par sustenter son appétit celle-ci se planta devant elle.

« Bah t'es devenue une vampire. »

*Bravo patate! Ça elle devait le savoir.*

« Donc si t'étais ennemi avec ton miroir le matin, t'es chanceuse tu n'auras plus jamais de problèmes avec. Bon si tu avais de bonnes relations avec en matinée, je suis triste pour toi. »

Certes il devait avoir un meilleur moyen pour détendre l'atmosphère que de sortir toutes les niaiseries qui lui passaient par la tête.

« J'espère que t'étais pas pratiquante parce qu'il va falloir que tu fasses attention à tout ce qui est religieux. »

*Tu ne crois pas que t'as quelque chose de plus important à lui dire? Bien cela l'est aussi, mais pas autant.*

« Chez les vampires il y a des clans, s'comme la mafia c'est difficile d'en sortir, mais pour eux si tu te fais mordre par un membre de leur clan, tu fais partie de leur clan. Le problème c'est que je ne sais pas si lui qui t'as mordu fait partit d'un de leurs clans... Mais j'ai tué eux qui étaient présents lorsque... bref. »

Elle avait essayé d'être rassurante, mais elle n'était certaine que cela ferait l'effet désiré avec ce qu'elle venait de lui apprendre. Elle n'osait pas imaginer ce que ça pouvait faire d'apprendre du jour au lendemain que sa vie changeait complètement sans même le vouloir.

« Mais j'connais quelqu'un qui, si tu le veux, pourrais t'aider avec tes nouveaux pouvoir... Il suffit juste que je passe un coup de fil pour savoir où il est exactement. »

Pour accompagner ses paroles elle sorti de la poche de son jeans son cellulaire.

« Suffit juste d'un seul clic pour savoir où il est... Mais je ne veux pas te forcer la main, si tu ne veux pas trainer avec un parfait inconnu. »

*Si elle dit qu'elle préfère s'attaquer à de pauvres inconnus tu risques de la tuer, si ça ce n'est pas tordre la main de quelqu'un, je me demande bien ce que c'est.*

Maintenant le choix était entre les mains de son amie.

Elle mis ses mains sur les bras de son amie, non pas pour les empoigner et la secouer en lui disant de se calmer, ce qui aurait été exagéré, mais c'était pour la calmer sans lui faire mal. Elle lui aurait bien dit de prendre une grande respiration, comme elle aurait fait avec toutes personnes capables d'accomplir un tel acte, mais dans le cas présent c'était quelque chose comme qui dirait impossible.

« Du calme, comme disait ma mère, il faut faire chaque chose en son temps et ne pas partir en panique. »

C'est à ce moment qu'elle lui parla de sa connaissance qui pourrait l'aider s'habitué à sa nouvelle condition. Mais avant d'en parler davantage il fallait essayer de la rassurer encore plus.

« S'ils te retrouvent, ce qui n'est pas prêt d'arriver, ils vont se faire descendre...Pour ce qui est de la personne en question, c'est Michael Morbius. »

La voilà maintenant rassurée qu'elle accepte la proposition. Nigel ne se fit pas prier pour passer l'appel, elle ne parla pas directement à Morbius, mais à quelqu'un qui était bien au courant de ses habitudes.

« Allons-y, il traine pas loin. »

Elle remit ses pieds sur le sol avant d'aller chercher ses clés. Ses clés qui étaient... attendez,... ha oui dans sa veste, comme le « hasard » fait bien les choses pour les empêcher de perdre leur temps. Elle ouvrit une première portière de sa voiture stationné à l'intérieur, l'avantage de squatter une vieille usine.

« Après vous mademoiselle. »

Qui a dit que la galanterie se perdait? Quoi que chez Nigel la galanterie n'était pas toujours présente. Après, elle vint prendre place à la place du conducteur. Le moteur électrique "vrombissant", elles sortirent à l'extérieur affrontant la nuit tombante.

Elles maintenant rendu au point de rencontre.

« Ouvre les yeux, il devrait bientôt être dans les environs... Il est gentil. »

Elle entendit un bruit pas loin, Nigel sortit de l'automobile.

« Ça doit être lui. »

*Il a décidé de venir en marchant ou bien en planant comme les vampires des vieux films? *

« Hey salut, comment ça va? » Avait-elle dit en voyant une silhouette se dessiner non loin.

Fallait espérer que son odorat ne la trompait pas et qu'il ne s'agissait pas d'un autre vrai vampire. Ce qui heureusement ne fut pas le cas.

Alors que la lune montait tranquillement dans le ciel, le temps était à la discussion. Après tout elle n'était pas pour faire : « Bon maintenant qu'il est là je vous laisse. » Comme une mère indigne. Non c'était loin d'être son genre. De plus qui aime se ramasser avec quelqu'un sur les bras sans aucune explication? Personne. Bref, l'hybride tenait à faire les choses proprement, expliquant le comment du pourquoi de la situation, sans oublier le fait qu'elle ne savait pas si le vampire qui avait mordu son amie faisait partit d'un clan ou non... Question d'éviter au maximum les mauvaises surprises. N'oublions pas la « menace » classique qui se dit, en règle générale, en quelques mots c'est-à-dire qu'il n'avait pas intérêt à arriver quelque chose à son amie, sinon l'être responsable allait passer au cash. Bon maintenant que les présentations et les explications avaient été fait, elle s'adressa à son amie.

« Fait attention à toi... Ne perds pas ton humanité, sinon tu ne vaudras pas mieux que lui qui t'as transformer et si cela arrive je m'occupe de toi. »

Ce n'était peut-être pas l'affaire la plus rassurante à dire, mais elle tenait à ce que ce soit clair et de toute manière elle ne pouvait pas effacer ce qu'elle venait de dire.

« Et aussi, fait attention aux autres chasseurs, il y en a qui sont pas mal fou de la gâchette et qui ne croient pas aux gentils vampires. »

Elle trouverait cela dommage qu'elle se fasse descendre par une autre personne qui avait la même « profession » qu'elle, alors qu'elle était toujours gentille. Bon elle avait tout dit ce qu'elle avait à dire, restait juste à espérer que rien ne lui avait échappé. C'était maintenant l'heure des aurevoirs, m'enfin façon de parler parce qu'il y avait toujours des risques qu'elles se recroisent, après tout ce n'était pas comme si l'une d'elle allait se faire tuer.

Maav tenta de la rassurer autant que possible. Ce n'était pas là une mince affaire, elle devait bien l'avouer. Ses sens s'étaient décuplés et elle sentait même le pouls de son amie dhampire à distance, ce qui l'empêchait de se concentrer sur ses paroles. Malgré le fait qu'elle avait s'était nourrie, elle avait encore « faim », c'était comme si elle était insatiable. Le genre de malédiction qui ne lui plaisait pas, elle qui était gourmande de nature. Namira se souvenait encore de la senteur de son hamburger avant de partir pour déposer la gerbe de fleurs dans ce sinistre cimetière. Rien que d'y penser, elle n'avait pas envie d'en manger, seulement un haut le cœur. La nourriture humaine pouvait-elle la dégoûter à ce point ?

Son amie l'emmena en voiture, lui demandant de fermer les yeux l'espace du trajet. Elle ne savait pas réellement pourquoi, peut-être était-ce un moyen de l'empêcher de fantasmer sur la première gorge qu'elle croiserait ? Toujours est-il qu'elles s'arrêtèrent finalement, Nigel lui demanda de rouvrir les yeux et cette fois ci c'est sur une grande bâtisse qu'elle tomba. Plutôt imposante d'ailleurs, ce qui eut le don de l'intimider.

« C'est ici ? », demanda t-elle à tout hasard, pointant timidement du doigt le bâtiment.

La réponse lui vint assez rapidement, confirmant ses inquiétudes. Elles sortirent toute deux de la voiture et allèrent à la rencontre de cet homme dont elle ne connaissait rien, pas même la nature véritable. Quelque chose lui disait que ce teint pâle n'était pas anodin. Ses traits étaient sévères, elle ignorait si elle allait tenir le choc de la transformation. Il s'appelait Michael Morbius. Les présentations faites, ils se concertèrent tous les trois, Namira gardant nettement plus le silence que les autres qui semblaient s'y connaître sur le sujet. Tout s'était passé si vite...elle avait du mal à suivre, alors qu'elle venait d'être confiée à cet homme dont il ignorait tout, sauf peut-être les fondements de sa personnalité.

La discussion terminée, c'est son amie qui la toucha avec ses mots. Ne pas perdre son humanité...c'était là un véritable challenge. Elle allait le relever, évidemment. Au moins pour ses proches, du moins le peu qui lui en restait. Sans doute devrait-elle s'en détacher un peu, afin de les protéger de sa nouvelle nature ? Vivre que de nuit, c'était aussi compromettre toute une vie diurne qui aurait pu être fantastique en tant qu'humain. Et son métier...oui, son si beau métier, comment ferait-elle pour pouvoir l'exercer à présent ? Retournerait-elle sur l'héliporteur et soigner ses blessés ? Elle espérait que oui...

« Merci, Nigel. Merci... », lui dit-elle le plus sincèrement du monde. Elle la prit même dans ses bras un instant, quitte à prendre le risque.

Mettant fin au contact qu'elle savait ardu pour l'une comme pour l'autre, elle se rangea du côté de Michael et lia ses mains dans son dos, un pâle sourire sur les lèvres.

« J'espère qu'on pourra se revoir bientôt. Sur l'Héliporteur, pourquoi pas ? »

Malgré ce qu'on pouvait croire en dessous de sa carcasse de jeune alcoolique, bagarreuse et collectionneuse d'arme, il y avait un coeur qui battait. Un coeur plus fragile qu'elle ne l'aurait voulu, mais elle faisait son possible pour rien laisser paraitre, même si elle avait l'impression que cet organe vital se brisait.

« Il n'y a pas de... »

Elle fut interrompue par son amie qui la pris dans ses bras.

*Je ne m'étais pas attendu à ça. Pourquoi je ne m'y suis pas attendu? C'était pourtant la réaction la plus plausible de se réaliser. J'aurais dû m'y attendre... Aller bouge un peu, sinon elle va croire que t'es devenue une statue.*

« ... quoi. »

Finit-elle sa phrase en la serrant à son tour, brièvement, dans ses bras. L'accolade fut interrompue par celle qui l'avait entreprise, pour aller rejoindre celui qui se faisant appeler le Vampire vivant.

*Il a intérêt à bien prendre soin d'elle sinon...*

Nul besoin d'écrire le reste de ses pensées, je crois que c'est assez facile à deviner. En même temps elle le lui avait dit un peu plus tôt. C'est à ce moment que Namira lui parla de son désir pouvoir rapidement retourner au QG.

« Je l'espère aussi. »

En espérant que si retour il y a, cela se passe sans accrochage. Déjà que Namira se faisait insultée quand elle était humaine, Nigel ne voulait pas qu'elle se fasse insulté à cause de ce qu'elle est maintenant. Ou encore, elle ne voulait pas pour qu'il y ait de dérapage dans l'infirmerie, bien que du point de vue de Maav cela ne serait qu'un retour d'ascenseur. Bref, elle regarda son amie s'éloigner avec Morbius avant de remonter derrière le volant de sa voiture. Mettant la clef dans le contact, démarrant un moteur électrique, avant de peser sur un bouton pour imiter le son d'un moteur régulier, partant sillonner les rues de la métropole. Maintenant qu'elle savait son amie entre de bonnes mains, il fallait qu'elle pense à autre chose et pour pouvoir se changer les idées, elle allait devoir faire confiance à ses meilleurs amis... La musique et l'alcool, heureusement son instrument de musique traînait dans son coffre et son bar préféré n'était pas loin.